lundi 5 mars 2012

TnGov 109 jours:Etat de Grace,Etat de Grince..

L'état de Grâce, ou plus communément appelée "Période des 100 jours", est la période pendant laquelle on juge les premières actions d'un gouvernement ou un élu du peuple. Pendant cette période, le peuple qui a participé à l'arrivée au pouvoir de l'élu, attend la mise en oeuvre rapide des engagements pris pendant une campagne électorale. C'est une période clé aussi bien pour les électeurs que pour les élus, un état pendant lequel les électeurs sont attentistes et observateurs, et pendant lequel les élus ont la mission de mettre en forme des mesures visibles et tangibles pour conforter l'opinion dans son choix.

Les élections ont eu lieu le 23 octobre, il y  donc 134 jours.
Les résultats définitifs, validant la victoire du parti Ennahdha, le 17 Novembre, il y a donc 109 jours.
La nomination du gouvernement provisoire, le 14 Décembre, il y a donc 82 jours.

La lenteur dans la nomination du gouvernement provisoire n'étant que de la responsabilité unique du vainqueur des élections (partage des portefeuilles), le compteur de la période de grâce a donc débuté le 17 Novembre, date des résultats officiels, il y a exactement 109 jours.

Il est donc temps de dresser le bilan des 100 jours de pouvoirs.

Les objectifs principaux de la Révolution étaient prioritairement la dignité, le travail, la démocratie et la liberté d'opinion. Ces objectifs ont été repris largement dans les 365 points du programme d'Ennahdha et dans les promesses de proximité aux 4 coins du pays.
Force est de constater, qu'à ce jour, aucune réforme, ni tentative de réforme n'a été engagée vers les objectifs de la Révolution, mais qu'au contraire, on observe d'avantage des actions visant à asseoir le pouvoir dans la durée. L'actuel gouvernement cherche plus le moyen de conserver le pouvoir qu'à être convaincant pour être réélu aux prochaines élections (si prochaines élections il y a).
Aucune stratégie claire n'est énoncée, tant pour le citoyen que pour les investisseurs. Chacun doit se faire sa propre idée au travers de quelques déclarations issues de l'ANC, des débats radiophoniques ou télévisuels. Quelles sont les grandes réformes tant promises et nécessaires? Quelle est la loi de finances 2012? Quelles sont les décisions réelles pour les régions du centre et défavorisées? Quelle est la stratégie vis à vis du tourisme à court terme, moyen terme, long terme? Quelle est la vision industrielle?
Voilà les vraies questions qui ne trouvent aujourd'hui aucune réponse, un black out total.
Au terme de ces 109 jours de pouvoir, l'état de grâce s'est volatilisé en état de grince, et ce à tous les niveaux de la société tunisienne. La rue et les campagnes grondent de la lenteur et de l'inaction et surtout d'entendre les dirigeant vanter à huis clos les prouesses accomplies sans que personne n'observe un iota de changement sur le terrain.
Vous, gouvernants, qui avez su parcourir les campagnes et chaque petit village tunisien, pour conquérir des voies électorales, osez y revenir pour faire état de votre incapacité à tenir vos promesses.
Osez faire face à ce peuple, qui a placé ses espoirs en vous pour redresser le pays et l'amener à l'excellence promises.
Au terme de ces 109 jours, annoncez clairement votre programme sans ambiguïté à court, moyen et long terme, ou ayez le courage d'avouer que vous ne maîtrisez pas la situation et que vous n'arrivez pas à gouverner.
Au lieu de ce courage, vous trouvez des coupables (les médias, les gauchistes, le RCD et j'en passe..) qui soit disant vous mettent des bâtons dans les roues. Mais de quelles roues parlent on? Vous ne proposez même pas la forme de la roue nécessaire pour avancer, donner espoir, unir le peuple autour d'objectifs communs.
Vous ne cessez de diviser le peuple, stigmatiser les esprits autour de vos théories islamiques que vous ne respectez même pas. Comme exemple, vous prônez la finance islamique, allez donc au bout de votre logique et refusez les prêts à des taux d'intérêts exhorbitants du Qatar..N'acceptez que les dons si telle est votre logique. Si vous ne le faites pas, cela veut simplement dire que votre discours est bien éloigné de vos pratiques ou démontre simplement que la séparation du politique et de la religion est nécessaire car non compatibles.

Messieurs les gouvernants, voilà 109 jours de pouvoir que vous avez gâchés, alors que chaque minute compte pour la reconstruction de ce pays qui pourrait avoir un avenir magnifique si le peuple était fédéré autour d'objectifs communs et porteurs d'espoirs. Ce n'est pas dans la division qu'une nation se construit, elle se détruit jour après jour, la seule chose réussie en 109 jours est de perdre l'identité tunisienne, celle qui a réussie à unir le peuple un 14 janvier 2011, cette identité très éloignée de votre identité wahabite qui vous inspire tant. Et prenez garde que ce peuple, fier de son identité tunisienne, ne s'unisse de nouveau dans la rue pour vous ôter le siège confortable et la confiance qu'il vous a donné.




jeudi 1 mars 2012

Ennahdha : Innocence ou Hypocrisie ?

Beaucoup d'entre nous sont perdus entre les déclarations qui se suivent et ne se ressemblent pas! Des promesses, des contre-promesses, des engagements, des désengagements.. Difficile d'y voir clair, j'ai donc essayé de regrouper quelques déclarations "nahdhaouistes" classées par Thème pour tenter de trouver une vraie ligne directrice..Alors Innocence ou Hypocrisie ? A vous de juger...


LE STYLE DE VIE

« Nous ne voulons pas imposer un style de vie particulier »  Le Point/Reuters 06/11/11 – R.GANNOUCHI

«  Protéger la liberté de la femme contre toute imposition de style vestimentaire » Point 183 Programme Ennahdha

« La Mini-jupe : Je n’hésite pas : elle sera interdite, mais en fin de parcours, si les mesures pédagogiques n’ont pas porté leurs fruits. » Jeune Afrique Janvier 1990 Rached Ghannouchi

« Soyons clairs. Ennahdha n’autorisera pas l’illicite clairement édicté par Dieu et n’interdira pas le licite permis par Dieu lui-même, sinon nous ne serions plus un mouvement islamiste. » Hamadi Jebali interviewé par Zyed Krichen, 17 février 2011

 « Ennahdha va laisser aux gens leur liberté totale : libres dans leurs vêtements, libres dans ce qu'ils mangent et boivent. Il est du droit de la femme de se vêtir comme elle veut. » Rached Ghannouchi Jeune Afrique 24/11/11
« La fermeture des bars en Tunisie n’est qu’une question de temps » Hamadi Jebali LBC 27/02/12
« Le Hijab représente l'une des expressions de la société Musulmane. L’État musulman l’encouragera. » Jeune Afrique Janvier 1990 Rached Ghannouchi

«Le côté vestimentaire ou ne pas faire le jeûne pendant le ramadan, ce n'est pas le problème du Tunisien. La première préoccupation, c’est l’éradication de la corruption. Le droit à l’emploi pour les Tunisiens, par exemple, ce sera "kif kif" pour tout le monde.»Rached Ghannouchi 26/09/11 Reuters

« Il ne devrait pas y avoir de loi qui tente de rendre les gens plus religieux »  Le Point/Reuters 06/11/11 – R.GANNOUCHI

 «Tout le monde est libre de choisir sa religion, l’Etat n'interviendra pas dans les choix de chacun. Tout le monde pourra choisir tel ou tel autre vêtement, ce n’est pas à l’Etat de décider du goût des autres» Rached Ghannouchi 26/09/11 Reuters

« Nous voulons reconstruire notre pays sur ses acquis et les améliorer. Certains craignent que nous remettions en cause le tourisme par exemple en interdisant l’alcool et le port  du bikini. Nous leur disons que nous voulons renforcer le tourisme et que nous nous n’intéresserons pas à ces détails là. C’est l’affaire de la société. » Hamadi Jebali interviewé par Zyed Krichen, 17 février 2011

LA CHAARIA

« Il s’agit juste de la description de la réalité », explique Ghannouchi. « Cela n’a aucune implication légale. » « Il n’y aura pas d’autres références à la religion dans la Constitution. Nous voulons accorder la liberté à l’ensemble du pays » Le Point/Reuters 06/11/11 – R.GANNOUCHI

« Il ne devrait pas y avoir de loi qui tente de rendre les gens plus religieux » Le Point/Reuters 06/11/11 – R.GANNOUCHI

« La charia et les lois de l’Islam sont un ensemble de valeurs morales individuelles et sociétales et non un code de conduite strict à appliquer au niveau national … L’Égypte dit que la charia est le principal fondement de sa loi mais cela n’a pas empêché l’ancien président déchu Hosni Moubarak de devenir un dictateur. » Le Point/Reuters 06/11/11 – R.GANNOUCHI

"La religion ne relève pas du domaine privé, mais d'un ordre public et d'un mode de vie ; celui qui cherche à isoler la politique de l'islam attente à la structure de la pensée islamique" Sahbi Atig, chef du groupe parlementaire d'Ennahdha.28/02/12 ANC
«Il y a une phobie d’Ennahda dans ce pays. Mais les Tunisiens vont juger sur la pratique, et ils comprendront qu’on ne veut rien imposer. La Tunisie pratique un islam modéré, et Ennahda est un parti politique civil et modéré, respectueux des libertés» Le Parisien, 9 novembre 2011 , Souad Abderrahim

« Nous ne sommes pas un mouvement dogmatique, mais nous avons un référentiel islamique. Nous ne voulons pas que ce référentiel idéologique se transforme en un nouveau projet dictatorial et totalitaire. Nous ne prétendons pas détenir la vérité absolue. Il nous faut relativiser nos points de vue. » Hamadi Jebali interviewé par Zyed Krichen, 17 février 2011

ZK : Votre mouvement prône-t-il l’application de la Chariaâ ?
« Non. » Hamadi Jebali interviewé par Zyed Krichen, 17 février 2011
« De nombreux islamistes de part le monde estiment que la défense des opprimés et le pluralisme des idées ne font pas partie de la Chariaâ. Notre mouvement a une autre vision. Les châtiments corporels ne sont que des détails. Prenons l’exemple de l’ablation de la main du voleur. Ennahdha pose la question suivante : qui est le voleur ? Et pourquoi est-il devenu voleur ? … Soyons clairs. Ennahdha n’autorisera pas l’illicite clairement édicté par Dieu et n’interdira pas le licite permis par Dieu lui-même, sinon nous ne serions plus un mouvement islamiste. » Hamadi Jebali interviewé par Zyed Krichen, 17 février 2011
ZK : Donc Ennahdha appellera, à terme, à appliquer ces sentences ?
« Oui et que cela soit clair. C’est notre démarche. Nous privilégions l’esprit de la Chariaâ, mais nous ne pouvons pas être contre sa lettre quand celle-ci est clairement exprimée dans les textes sacrés. » Hamadi Jebali interviewé par Zyed Krichen, 17 février 2011
« La religion sera absente de la nouvelle Constitution tunisienne qui accordera en revanche une place importante aux questions des droits de l'homme, de la démocratie et de l'économie de marché » Reuters Rached Ghannouchi 05/11/11
« Le nouveau gouvernement, n'introduira pas le principe de la Charia ni d'autres principes islamiques susceptibles de rogner sur le caractère laïque de la Constitution » Reuters Rached Ghannouchi 05/11/11
"La Charia, ce n’est pas à nous d’en décider, il appartient au peuple tunisien de le faire" TTN 25/10/11 Ali Laârayedh
"Je ne veux pas d’une chari’a islamiya made in Tunisia dans la vie sociale, économique et culturelle. Par contre, si l’on entend chari’a comme vecteur de la religion, je dis oui" TTN 25/10/11 Ali Laârayedh
"Nous ne souhaitons imposer ni la charia, ni le hidjab, ni la polygamie. La charia ne peut être imposée à personne..... bien qu'elle représente la justice et la liberté. C'est un problème de conscience et de choix. Comme pour le voile : la femme doit pouvoir choisir. (...)Ennahda est un parti démocrate et modéré qui se réfère à l'islam, comme les partis démocrates chrétiens se réfèrent à la chrétienté. " Rached Ghannouchi 23/10/11 Le Parisien
"Au niveau de la Charia et d'Ennahdha, le sujet a été soulevé mais nous n'avons toujours pas pris de décision. Bourguiba, qui était laic, ne s'est pas permis de changer des lois qui sont citées dans le Coran. Jusque là, plusieurs projets ont été évoqués mais il n'y a rien d'officiel ". Rached Ghannouchi Conf Presse 23/02/12
"Les principes de la constitution doivent s'inspirer de trois principales références : le système des valeurs islamiques, l'héritage réformateur tunisien et les acquis de l'humanité, sans fanatisme, enfermement ou défaitisme" Sahbi Atig, chef du groupe parlementaire d'Ennahdha.28/02/12 ANC
"La religion ne relève pas du domaine privé, mais d'un ordre public et d'un mode de vie ; celui qui cherche à isoler la politique de l'islam attente à la structure de la pensée islamique" Sahbi Atig, chef du groupe parlementaire d'Ennahdha.28/02/12 ANC
« La Charia et les lois de l'Islam sont un ensemble de valeurs morales individuelles et sociétales et non un code de conduite strict à appliquer au niveau national » Reuters Rached Ghannouchi 05/11/11
 « La Constitution ne devra pas être contraire aux principes édictés par le Coran et la Sunna du Prophète, qui doivent être la source principale de la Loi fondamentale. » Sahbi Atig 28/02/12 ANC
 « L’histoire de l’Islam ne connaît pas de séparation entre la religion et la politique, et que la chose religieuse, dans l’Islam, ne se limite pas à la sphère privée, mais est un principe de société organisant la sphère publique » Sahbi Atig 28/02/12 ANC
« Ceux qui appellent à la séparation entre la religion et la politique touchent aux bases fondamentales de la pensée islamique » Sahbi Atig 28/02/12 ANC
« Notre parti n’a jamais parlé de la pratique de la Charia . Ce n’est pas à nous d’imposer de lois et nous savons très bien que la Tunisie n’est pas l’Arabie saoudite, mais un pays différent, et nous respectons cette différence. Nous n’avons aucune envie d’aller vers ces pratiques qui font peur.» Rached Ghannouchi 26/09/11 Reuters
« qu'elle va de soi dans un pays musulman et que le futur pouvoir législatif élaborera les lois en fonction de l'interprétation qu'il fera de la charia » Habib Khedher Mosaique FM 02/02/12
ENNAHDHA ET L’ISLAM

« Il ne devrait pas y avoir de loi qui tente de rendre les gens plus religieux » Le Point/Reuters 06/11/11 – R.GANNOUCHI

 « Nous ne sommes pas un mouvement dogmatique, mais nous avons un référentiel islamique. Nous ne voulons pas que ce référentiel idéologique se transforme en un nouveau projet dictatorial et totalitaire. Nous ne prétendons pas détenir la vérité absolue. Il nous faut relativiser nos points de vue. » Hamadi Jebali interviewé par Zyed Krichen, 17 février 2011

« Nous ne sommes pas les représentants de l’Islam. Cela est clair pour nous. Nous ne parlons au nom d’aucune autorité théologique. Ce que nous proposons n’est que notre point de vue et notre interprétation (ijtihad). Cela s’étend aussi à la conception que nous avons de notre mouvement. Nous ne sommes pas cette communauté unique qui ne se trompe jamais. Cela est encore plus important dans notre approche politique, sociale, économique et culturelle, tout en nous réclamant de ce référentiel islamique. » Hamadi Jebali interviewé par Zyed Krichen, 17 février 2011
 « Nous faisions partie du Mouvement des Frères Musulmans et on y est encore d’une certaine manière. » Hamadi Jebali interviewé par Zyed Krichen, 17 février 2011
« Le fondement de la religion est la liberté. La religion considère même la chahada comme une décision personnelle qui relève de la liberté individuelle. » Rached Ghannouchi Jeune Afrique 24/11/11
"La religion ne relève pas du domaine privé, mais d'un ordre public et d'un mode de vie ; celui qui cherche à isoler la politique de l'islam attente à la structure de la pensée islamique" Sahbi Atig, chef du groupe parlementaire d'Ennahdha.28/02/12 ANC
 «Nous n’aurons jamais une présence politique dans les mosquées. Bien sûr, il y a beaucoup de Tunisiens qui font la prière et qui sont sympathisants de notre parti. Mais chacun à sa place. On ne peut pas être imam et responsable politique dans le parti Ennahdha, par exemple. Nous montrerons que notre parti est un parti politique et religieux moderne.» Rached Ghannouchi 26/09/11 Reuters
«Ce sont nos adversaires(les modernistes), mais nous ne devons pas afficher notre inimitié, parce que nous visons leurs fils, leurs femmes, et leurs petits-enfants. Leurs fils et leurs filles sont chez nous aujourd’hui. Notre but est de séparer la pensée des enfants de celles des parents(…) L’étape suivante sera plus difficile. Parce que nous avons le pouvoir, et nous risquons de nous ramollir» Abdelfattah Mourou co-fondateur Ennahdha 19/02/12
LES RELATIONS INTERNATIONALES
“Le monde se félicite de la révolution en Tunisie. L’Europe est notre premier partenaire, et nous nous engageons dans ce partenariat, nous souhaitons développer ce partenariat. La Tunisie est devenue un lieu de pèlerinage. Les ministres des Affaires étrangères de France, d’Italie, d’Allemagne, ils sont tous venus.” Euronews 13/01/11 – R.GHANNOUCHI

« Mes frères, la présence de la sœur palestinienne est un autre signe divin : c’est d’ici que commence avec l’aide de Dieu la libération de Jérusalem, soyez-en certains. »  Hamadi Jebali / Discours Ennahdha à Sousse 13/11/01

 «Nous sommes arabes et notre langue c’est la langue arabe. On est devenu franco-arabe, c’est de la pollution linguistique»  13/11/11 G.Gannouchi

LPJ : La communauté française représente environ 30.000 personnes résidentes en Tunisie, comptez-vous modifier le statut du résident français en Tunisie ?
« Pas du tout, nous avons besoin de ce mix culturel, la Tunisie est un petit pays  par sa taille et s’est toujours historiquement enrichi par les autres, chaque communauté a sa place en Tunisie. » Lepetitjournal.com 26/08/11 Interview de Larayedh Ali
LPJ : Les entreprises françaises sont au nombre de 1.250 environ pour 110.000 emplois locaux tunisiens, également nous bénéficions d’allégement fiscaux de la part de la Tunisie, comptez-vous modifiez cela ?
« J’ignorais qu’il y en avait autant, nos experts économiques doivent mieux s’informer ! Cela comme je le vois représente une manne importante pour la Tunisie, nous serions fous de l’ignorer ou de vouloir s’en priver. » Lepetitjournal.com 26/08/11 Interview de Larayedh Ali
"A travers la chaine Al Jazeera, le Qatar a été l'unique soutien du peuple tunisien durant la révolution. Il ne représente aucun danger pour notre pays et ne nous donne aucun ordre" Rached Ghannouchi Le Nouvel Obs
POLITIQUE NATIONALE

«La priorité, aujourd’hui, ce ne sont pas les questions culturelles, qui prennent beaucoup de temps, mais les questions économiques et sociales» La presse 29/10/11 – R.GHANNOUCHI

«vigilantes sur le respect des droits de l’Homme et des principes démocratiques» La presse 29/10/11 – R.GHANNOUCHI

«L’hérésie de la démocratie» Abdelfattah Mourou co-fondateur Ennahdha 19/02/12
«La révolution n’a pas eu lieu pour détruire un Etat, mais pour détruire un régime. Nous sommes déterminés à protéger l’Etat tunisien» La presse 29/10/11 – R.GHANNOUCHI

« L’important est de faire triompher la démocratie pour notre mouvement. Nous voulons rassurer les Tunisiens et pas qu’avec des paroles, mais avec des actions concrètes qui montrent qu’on est plus attaché à la démocratie et aux libertés qu’a notre propre couleur politique. » Hamadi Jebali interviewé par Zyed Krichen, 17 février 2011

LPJ : La sécurité des personnes n’est pas très bonne en ce moment, si vous êtes élus comment comptez-vous régler ce problème ?
« C’est un problème qui nous préoccupe énormément, nous avons d’ailleurs discuté avec  beaucoup de gouvernements en Europe sur notre programme, et la question de la sécurité est une de nos priorités car nous savons que sans sécurité, il n’y aura pas de démocratie possible. » Lepetitjournal.com 26/08/11 Interview de Larayedh Ali

 « Je promets à notre peuple que ce gouvernement sera à son service et donnera l'exemple » en matière de « transparence et de bonne gouvernance » Discours Hamadi Jebali 26/12/11
(Ennahdha et les salafistes) «Nous ne permettrons pas ce genre d’agressions, ces gens qui veulent imposer leur idéologie . Dans notre pays il y a des juifs, des chrétiens, des touristes et il n’est pas question de revenir sur les libertés culturelles ou de culte. On ne peut plus enfermer la Tunisie. Les partis doivent respecter la démocratie et les libertés, ils n’ont plus le choix.» Rached Ghannouchi 26/09/11 Reuters
"Tous les Musulmans sont des Salafistes puisqu'ils suivent tous le Coran et la Sunnah. Mais il y a des gens qui adoptent l'extrémisme et d'autres traitent certains de mécréants et usent de la force pour atteindre leurs objectifs. Le dialogue est la seule solution" Conf presse Rached Ghannouchi 23/02/12

« Le mouvement Ennahdha œuvre à aider les Salafistes dans leurs actions de prédication et à faire alliance avec eux » Sadok Chourou - El Khabar : 28 - 01 - 2012

 « La mise en oeuvre dès 2012 d’un programme urgent de développement local, destiné
à améliorer les conditions de vie de la population dans les régions démunies. Ce
programme concernera essentiellement l’amélioration de l’infrastructure de base, des services publics et de la couverture sanitaire. » Point 68 programme Ennahdha

LES MEDIAS

«Les Médias, ça nous permet de nous critiquer et de nous auto-analyser.» Rached Ghannouchi 26/09/11 Reuters
 « Nous avons un sérieux problème dans les médias en Tunisie  étant donné que 90% des titres qui se trouvent, aujourd’hui, existaient sous l’ancien régime et nombreux parmi eux faisaient l’éloge et courtisaient le pouvoir déchu » Rafik Abdessalem Mosaique FM 01/03/12

 « c’est ça le problème de la presse les mêmes équipes, les mêmes figures et les mêmes titres qui ont opéré un virage de 180 degrés » Rafik Abdessalem Mosaique FM 01/03/12

"Nous ne voulons pas de médias élogieux, mais nous ne voulons pas non plus de médias diffamatoires" Rached Ghannouchi Conférence Ennahdha 23/02/12

 "Si nous n’avons pas tenu compte des circonstances exceptionnelles par lesquelles passent la Tunisie, certains journalistes, dont je préfère taire les noms, seraient en prison. » Samir Dilou Kasbah 07/01/12

 « Les libertés publiques et individuelles sont garanties, notamment la liberté d’expression, la liberté de s’organiser et la liberté de la presse. La torture est criminalisée. » Point 16 programme Ennahdha

« Ces journalistes, qui n’ouvraient la bouche que chez le dentiste, s’amusent maintenant à violer le sacré, dans des torchons, qu’ils qualifient de journaux, en ornant leur Une de photos de nudité et en utilisant des dizaines d’obscénités dans leurs articles. » Samir Dilou 19/02/12 Meeting Ennahdha Bizerte

«Je suis sûr que certains changeront d’avis une fois le pouvoir établi. Que la presse garde son rôle de quatrième pouvoir et son rôle critique, c’est une bonne chose.» Rached Ghannouchi 26/09/11 Reuters
Pour conclure, je ne citerai qu'un Hadith, même si cela est contraire à mes convictions, mais approprié à toutes ces déclarations : 

D’après ‘Abdallah Ben ’Amr, le Prophète a dit : « Quatre défauts, quand ils sont réunis chez un même individu en font un hypocrite accompli.
Lorsqu’un seul de ces défauts se trouve chez une personne, celle-ci sera considérée comme atteinte d’hypocrisie jusqu’au moment où elle se débarrassera de son mal. Les quatre défauts sont les suivants : trahir la confiance placée en soi, mentir dans  les propos, manquer aux promesses et manifester de la mauvaise foi dans les discussions. »





samedi 25 février 2012

Mon chemin vers l'Islam


Avant d’aborder les dissensions actuelles sur « Charia or not Charia », je tenais à témoigner de ma propre approche de l’Islam si éloigné des clichés réducteurs occidentaux et tellement éloigné des réalités du monde arabe. Je m’excuse d’avance pour la longueur de ce parcours, pour ceux qui auront la patience de lire ce texte jusqu’au bout, j’aimerais sincèrement pouvoir discuter et échanger sur ce qu’est pour vous votre Islam par rapport à mon Islam, et tant mieux si c’est notre Islam.
Venant de France et issu d’une famille chrétienne pratiquante, la religion a toujours été intégrée, dès mon plus jeune âge, dans les valeurs que l’on a pu m’inculquer. Des valeurs essentielles de tolérance, de respect de l’autre, d’amour de son prochain. J’ai commencé le catéchisme à l’époque du collège, j’accompagnais ma famille à la messe du dimanche, plutôt par obligation familiale que pour y apprendre quoi que ce soit, tentant au mieux de reproduire les rituels et gestuels de ceux qui occupaient les bancs de l’église. La bible m’était expliquée lors des cours de catéchisme. En résumé, un enseignement adapté à l’âge des enfants, porté essentiellement sur l’importance des bonnes et mauvaises actions, dont il fallait s’excuser dans nos prières.
La prière, fût le plus bel enseignement que j’ai reçu. Je me souviendrais toujours de ce prêtre qui m’avait dit : « Peu importe où, quand et comment tu pries, l’essentiel est d’être sincère quand tu t’adresses à Dieu ; regrette réellement tes fautes, pardonne à ceux qui t’ont fait du mal et prie pour les autres, jamais pour toi ; et si tu fais du bien autour de toi, les autres prieront aussi pour toi. ». Cet enseignement empli de sagesse, restera gravé dans ma mémoire tout au long de ma vie.
Mais à ce stade de ma vie et de ma culture religieuse naissante, les « autres religions » étaient totalement inconnues pour moi ou réellement totalement floues. Dans ce flou, les juifs, étaient pour moi des gens qui avaient tués Jésus refusant « notre religion » ; les musulmans, peu de choses, ils croyaient un dieu nommé « Allah » que je n’assimilai pas du tout à « notre » Dieu, l’image de l’Islam s’apparentait plus à un barbu au regard sombre, image véhiculée par le petit écran..
A l’adolescence, âge de la remise en cause de toutes les valeurs, et plus précisément au lycée, la rencontre avec un élève de ma classe Ahmed. Nous échangeons beaucoup, il me parle de sa religion, mon côté curieux me pousse à m’y intéresser. Pourtant je n’y a vois toujours pas de lien entre son dieu et le mien, lui à son livre, le coran, incompréhensible, je le vois plus à l’époque comme un recueil de poésie. Moi je relis la bible, l’ancien testament est totalement hermétique pour moi, des récits guerriers.. Le nouveau testament, les évangiles sont beaucoup plus parlant pour moi, la vie de Jésus racontée par ses apôtres.
Les années passent, je ne vais plus depuis longtemps à l’église, qui ne m’apporte rien, je prie tous les soirs, parfois dans la journée comme me l’avait enseigné ce prêtre des années avant, mais surtout j’essaie de me concentrer sur « les bonnes actions ». L’avis des autres m’importe peu, voir pas du tout, je discute et partage des repas avec des SDF, j’essaye de concilier des personnes en conflit et tente à ma façon et à mon humble niveau de donner un peu de bonheur autour de moi.
A cette époque je suis donc croyant, je crois en un Dieu créateur qui nous recommande le bien, qui condamne le mal. Dieu est dans mon cœur mais je n’en parle jamais, n’évoque jamais son nom, je ne dois de comptes à personne sauf à lui sur mes actes.
Il y a 10 ans maintenant, mon parcours professionnel me fait atterrir en Tunisie.  Très grand choc culturel pour moi, mais surtout religieux. Non pas dans une pratique ostensible, mais dans le verbal. Allah est utilisé dans toutes les discussions, je suis tout d’abord étonné, intrigué puis finalement curieux de savoir ce qui poussait la plupart des gens que je côtoyais à évoquer Allah pour chacune de leurs actions quotidiennes. Moi qui venait de France, ou la croyance n’était que rarement un sujet de discussion.
Je décide à l’époque de me renseigner sur cette religion étrangère et sur Allah. Une visite des plus anodines à Tozeur au parc ChakWak enflamme l’étincelle de ma curiosité : y est représenté l’arbre des religions, l’histoire des prophètes qui se rejoignent sur ce Dieu unique : Yahvé, Dieu, Allah quelque soit sa dénomination.
A mon retour, je me plonge dans la lecture du Coran (une édition traduite en français achetée à la Médina), je profite d’un long weekend end pour lire, lire, lire.. Je dévore les pages, je lis et relis surtout les versets relatifs aux chrétiens. Peu à peu, je trouve réponse aux questions qui m’ont toujours « intrigué » en tant que Chrétien, je comprends comment les hommes bien après la mort de Jésus ont transformé le sens du fils « spirituel » de Dieu en Fils de Dieu. Je comprends comment les juifs ont détourné les paroles de Dieu de la Torah pour créer le Talmud, je comprends que Dieu est bien le grand architecte de cette religion qu’il parachève avec le Coran transmis via son messager Mohamed. Je comprends que nous sommes tous Muslim, nous sommes tous musulmans, nous sommes tous croyants (juifs, chrétiens et « musulmans »), nous faisons tous partie d’une grande famille, nous sommes tous les enfants de Dieu.  Je comprends que la fierté des hommes a toujours empêché cette Ouma, chaque peuple s’arrêtant à vénérer son prophète.
Ce fut une révélation pour moi, il me fût alors indispensable de relire la Torah, puis la Bible pour comprendre l’ensemble de l’œuvre que Dieu nous a laissé. Après des nuits de lecture, d’annotations, tout s’est éclairé pour moi, la Torah est la loi, Jésus le modèle de pratique, Le Coran la clé de voute et le testament pour toutes les générations futures. Chaque croyant avait donc tout ce dont il pouvait espérer pour discerner le bien du mal, le modèle de pratique et les dernières recommandations pour que ces valeurs traversent les générations. J’avais l’impression d’avoir découvert la voie, ma voie.
Ma première réaction fut de savoir si moi, à titre personnel, j’étais éloigné de cette voie.. personnellement je me suis positionné comme un croyant « moyen », j’évite le mal, j’essaye de faire du bien, je donne aux pauvres, je m’incline et prie Dieu, à ma façon certes mais dans le Livre (Torah, Evangile, Coran), Dieu ne nous détaille pas la prière, ce qui pour moi ne doit donc pas être d’une importance capitale, l’essentiel est le fond, la profondeur de la prière, la forme importe peu..D’ailleurs, Dieu lui-même tourne en dérision ces hommes qui enchainent des gestes frénétiques dans les synagogues alors que leur âme est détournée de Dieu..
Ensuite, je porte un regard sur le monde qui m’entoure, comment les hommes ont-ils transformé et réduit La religion a ce que nous observons aujourd’hui. Triste constat pour moi, les hommes s’entretuent au nom de la religion, chaque division prêche pour son camp et préfère une approche sectaire, se concentre sur la forme de la pratique plus que le fond, mélange à souhait tradition, culture, religion, mimétisme..
Quelque temps plus tard, je décide d’embrasser l’Islam, non pas l’Islam qui débute avec le prophète Mohamed, l’Islam, celui que Dieu à commencé avec Abraham et qu’il a achevé avec le Coran. Je décide donc de me convertir, bien que déjà croyant, je me converti pour re-rentrer dans cette religion. Je me converti pour confirmer à Dieu que je pense avoir compris l’œuvre qu’il nous a laissé. Oui j’essayerai de respecter la loi, la pratique et les recommandations que Dieu a bâti pour les hommes et femmes les plus persévérants.
A cette époque, j’ai beaucoup de ferveur, la lumière m’habite et j’ai envie de partager, ce qui fut pour moi une découverte avec les gens qui m’entoure. Je rencontre des imams, qui sont surpris de mon approche de la religion, tous me félicitent pour ma conversion, mais leurs propos me choquent, ils me parlent du Coran certes, pas de la Bible, encore moins de la Torah, et que l’Islam ne s’arrête pas au Coran mais que la Sounah est également à prendre en compte pour être un bon musulman. Sounah ? Qu’est ce que c’est ? On me donne des recueils de hadiths, des dizaines de livres écrits par des savants, je lis, relis..
Mon désarroi est grand, j’avais découvert tant de lumière et de chaleur dans le Coran et les évangiles que je tombais de haut à la lecture de ces lignes dites « prophétiques ». Tout ce qui était clair pour moi se trouve embrouillé par ces recommandations, concepts bien éloignés de l’esprit du Livre de Dieu.
Je cherche comment cette « tradition prophétique » a pu être construite, établie pour être assimilée au Coran jusqu’à aujourd’hui. Des millions de hadiths écrits, les premiers furent écrits plusieurs siècles après la mort du Prophète Mohamed.. Une classification « sahih » pour ceux qui sont sûrs de part la chaine de transmission (5 générations tout de même !). Ce qui reviendrait aujourd’hui  à assurer au mot près une déclaration de Napoléon III par la fiabilité des personnes rapportant ces mots..Difficile d’adhérer  à ce principe. Ma stupéfaction est d’autant plus grande, lorsque je trouve un des hadiths dits « sahih » du Prophète lui-même s’adressant à ses fidèles en leur disant « n’écrivez rien de moi à l’exception du Coran ». Si l’on ne retient que celui là, comment justifier l’écriture des autres ! Ma décision est alors prise, l’Islam n’englobe pas ces écrits que je pense pervertis par les siècles, califats et pressions diverses ayant bouleversé la religion depuis des siècles. Le Coran ne nous dit il pas qu’il est complet et parfaitement détaillé de toutes choses ?
Je retourne voir des imams pour leur faire part de ma pensée, je vois bien que mes questions dérangent et qu’aucune réponse ne permet de me convaincre. Cela me rappela mes questions sur le Saint Esprit lorsque j’étais « chrétien », c’est comme ça, point.
Les imams tentent de me convaincre que sans la Sounah on ne saura pas comment prier, comment faire zakat, etc.. Mais j’ai toujours su prier, prier avec le cœur, incliné devant Dieu, me repentant de mes péchés, demandant le soutien de Dieu pour les autres, pourquoi avais je besoin de savoir ou placer mes mains, calculer combien d’inclinaisons, tous ces principes me semblent bien matériels et terrestres pour être divins ! Pour la Zakat, de quoi a-t-on besoin de plus que ce que Dieu nous a déjà expliqué dans maintes versets, paraboles, exemples de Jésus ?? Donnes ce que tu peux sans compter à celui qui en a besoin, de quoi ai-je besoin de plus ?
On m’explique que la Sounah permet d’expliquer des versets qui ne sont pas compréhensibles dans le Coran.. Mais je lis dans le Coran que Dieu à volontairement exposé des versets explicites et d’autres qui ne le sont pas pour que les hommes s’égarent en voulant y trouver un sens (Sourate3/Verset 7)..
Je suis donc profondément convaincu que le cœur de l’Islam est uniquement dans ce qu’a bâti Dieu pour nous au travers de la Torah, les évangiles et le Coran, et que rien ne peut lui être associé, et surtout pas des créations humaines même si celles-ci partent à la base d’une volonté pieuse. Les juifs ont pervertis la Torah par le Talmud, qu’ils préfèrent appliquer, les chrétiens ont pervertis le modèle de Jésus par les décisions de concile (notamment celui de Nicée en 325 apJC où l’on décida que Jésus était le fils de Dieu), et les musulmans ont perverti le Coran avec les écrits humains de la Sounah.
Telle est mon interprétation de l’Islam, à défaut de beaucoup, je ne cherche pas à imposer mon point de vue, juste à expliquer ma foi et ma croyance. Cela me vaut d’être catégoriser par bon nombre de croyants de « coraniste », d’ «apostat », mais que m’importe j’ai ma conviction forte et profonde.. Au jour du jugement, je préfèrerai dire à Dieu que j’ai essayé d’appliquer ce qu’il nous a laissé plutôt que de suivre aveuglement ce que des hommes ont pu écrire..
Voilà le récit de ma conversion et de ce anime mon cœur et mon esprit..
Et c’est ce parcours qui me fait repousser de toutes mes forces l’application de la charia comme source de loi et base de constitution, car la charia telle qu’elle est définie aujourd’hui se base essentiellement sur les hadiths prophétiques au même niveau que le Coran.
La religion, la croyance est uniquement personnelle à l’image de mon parcours spirituel, et nous ne devons ni imposer, ni juger car Dieu a toujours guidé qui il veut et au moment où il le veut...
MBI

mercredi 22 février 2012

Fuite des investisseurs étrangers



Le groupe Latécoère pense à quitter la Tunisie pour s'installer au Mexique..Ce qui entraînera également la fermeture de plusieurs sociétés sous-traitante de Latécoère. De nombreux investisseurs étrangers présents en Tunisie sont en cours de réflexion sur un départ ou une minimisation des investissements engagés..
Depuis 2011, 172 sociétés étrangères ont quitté le territoire tunisien, 12 000 emplois envolés en fumée..

Pour bien comprendre ce phénomène, il est primordial de comprendre les raisons qui incitent à investir :

1 de visibilité économique
2 de visibilité politique
3 de sécurité de ses biens
4 de stabilité sociale
5 de fiabilité des moyens logistiques
6 d'infrastructures adaptées
7 du bon fonctionnement des moyens de communication
8 d'une main d'œuvre qualifiée
9 d'incitations à l'investissement
10 d'un environnement financier stable et des taux d'intérêts maîtrisés
11 d'une stabilité de la monnaie locale

Mis à part le point 8, quelles sont les actions immédiates prises pour les autres points à part des discours d'intention et des promesses toutes aussi contradictoires les unes que les autres?!

Les investisseurs traditionnels et déjà installés sont laissés pour compte, aucune démarche, aucune enquête d'évaluation des besoins.. Avant d'aller faire des courbettes devant les qataris et les saoudiens dont les investissements ne sont que des miroirs aux alouettes non porteurs d'emplois, les entreprises étrangères notamment françaises, allemandes, italiennes ont besoin d'être rassurées quant à la protection de leur investissement et sa pérennité.. 

Pour les nouveaux investisseurs industriels (les seuls porteurs de vrais emplois de haute technicité), le climat politique et social ne permet même pas d'envisager l'option Tunisie dans les programmes. Dans de grands groupes, l'option actuelle retenue à moindre risque est le Maroc à l'image de Wolkswagen, PSA qui ont écartés définitivement leur implantation sur le sol tunisien pour rejoindre le technopole DACIA à Tanger.

L'économie tunisienne connait une hémorragie sans précédent, sans promulgation d'une loi de finances et d'incitations claire et la communication d'une vision industrielle claire dans le mois à venir, l'hémorragie ne pourra plus être jugulée laissant des milliers d'ouvriers, techniciens, cadres et managers sur le carreau. 



Liberté musellée

Triste semaine...  Nasreddine Ben Saida, journaliste tunisien emprisonné depuis 8 jours pour une photo.. Des rappeurs tunisiens arrêtés.. Une presse intimidée qui s'autocensure et qui se contente bien souvent de reporter des informations de la TAP... Selon Mourou piégé dans sa diatribe avec Ghanim, les médias sont le rempart qui résiste encore à leur plan de mise en place de la chaaria et de la pensée unique...Il est du devoir de chacun de dénoncer, de protester contre toute atteinte à la liberté d'expression, toute intimidation qui vise à réduire au silence des journalistes, chanteurs, écrivain, bloggers.. @NDCart #tunisie

mardi 21 février 2012

Tunisie en Danger !

Qui suis je?
Je suis français, vivant en Tunisie depuis 10 années, chef d'entreprise, marié, père de famille.
Pourquoi ce blog ?
Avant tout exutoire personnel de mes convictions et sentiments, mais également un espace d'échanges et de débat d'idées pour participer à la reconstruction positive de la Tunisie.
Pourquoi ce nom de blog ?
C'est une déformation volontaire de la célèbre expression "Carthago Delenda Est" (Carthage doit être détruite) prononcée par les romains furieux des échecs subis lors des guerres punique. "Non Delenda Carthago" exprime tout simplement l'inverse, Carthage ne doit pas être détruite eu égard à la période troublée que connait actuellement la Tunisie.
De quel droit parler de la Tunisie en étant français?
Pour de multiples raisons, mais notamment le fait d'y résider, le fait d'être soucieux pour l'avenir de mes enfants en Tunisie, le fait de participer à l'économie du pays en créant des emplois, le fait de payer des impôts en Tunisie, et le fait de ne pas rester passif par rapport à ce qui, à mes yeux, pousse inexorablement la Tunisie et les tunisiens vers une régression.
Comment ai je vécu la révolution ?
Comme beaucoup de tunisiens, en relayant beaucoup d'informations sur les réseaux sociaux depuis décembre 2010, en participant aux manifestations populaires de janvier, la panique suite au discours du 13 (mes amis tunisiens allaient ils marcher dans cet appel aux sentiments en ultime stratégie?) jusqu'au 14, où la peur et le courage se sont mêlés pour faire dégager la chape de plomb qui bridait les esprits et qui fermaient les bouches depuis trop longtemps. Puis comme tout le monde, une joie et un soulagement qui n'a pas pu s'exprimer du fait des derniers soubresauts du régime agonisant, les barricades des quartiers...Mais même dans ces conditions difficiles, de risques et de violence, je n'ai jamais ressenti un sentiment aussi fort de fraternité entre les gens que j'ai côtoyé. La lutte était commune, sans se parler chacun sentait qu'il oeuvrait pour le bien de la Nation.
Je fus admiratifs de la volonté et de l'exemplarité de mes salariés qui voulaient coûte que coûte reprendre le travail le plus vite possible alors que leurs salaires étaient, de toute façon garanti, dans le seul but de préserver les sociétés étrangères pour l'avenir de la Tunisie. Combien de fois, ai je entendu "on a besoin de vous pour que la Tunisie reste debout..".
Pendant cette période de Janvier, la prise de conscience était là, malgré le désordre de la situation, chacun se sentait soudainement responsable et concerné, tout le monde semblait vouloir s'auto-discipliner pour garantir un retour rapide au calme, les files d'attente étaient respectées, la conduite moins sauvage.. Une période de grâce qui m'a donné la conviction forte que le peuple tunisien serait à la hauteur de pérenniser la révolution qu'il avait su mener...
Puis il y a eu cette caravane de remerciements à Sidi Bouzid, pour saluer le courage des martyrs tombés par désespoir, cette minuscule flamme qui a propagé l'incendie.. Evènement marquant pour moi, j'ai compris le quotidien et la souffrance qui avaient poussé ces gens à tout risquer. J'ai saisi l'abandon total auquel ils étaient livrés depuis trop de temps.
Cet abandon qu'ils ont également ressenti de nouveau dès les mois de février-mars quand plus personne ne s’intéressait à eux, que les préoccupations des lendemains de révolte tournaient en boucle fermée dans un microcosme tunisois qui commençait à se partager les mérites de la révolution. J'ai vu à Kasbah 1,2,3 des gens qui voulaient avant tout qu'on ne les oublie pas (cette fois!), qu'ils avaient encore un peu d'énergie à donner pour que d'autres prennent le relais de ce qu'ils avaient initié dans le sang et les larmes..
J'ai observé la campagne de dénigrement à leur encontre, en les faisant passer pour des clochards et moins que rien, à qui on demandait de laisser place propre, en tentant de les amadouer avec un premier ministre qui n'en pouvait plus de verser des larmes de crocodiles...Des tentatives de manipulation grotesques de part et d'autres pour exploiter leurs faiblesses..
J'ai vu la Tunisie plonger alors dans des conflits d'intérêts, tiraillée par des forces obscures pour la plupart d'entre nous, allant de complots en rumeurs les plus folles. Chacun essayant de comprendre qui tirait les ficelles du grand échiquier du moment...Les cartes furent brassées mille et une fois, pour que le peuple lassé d'essayer de comprendre soit prêt à suivre le premier qui montrerait un bout de lumière au bout du tunnel. Et force est de constater que la stratégie fut payante, le peuple était prêt de nouveau à être guidé, la confusion voulue et orchestrée a donné ses fruits, chacun reprenant le cours de sa vie, essayant de ne plus refléchir, de ne plus savoir la vérité. Chaque fois que quelques esprits commençaient à émettre des hypothèses plausibles, et tentaient de remettre en place les choses, une affaire sortait du chapeau, un évènement médiatique qui détournait l'ensemble des esprits et occupaient les sujets de conversation..Nous avons eu droit aux bibliothèques remplies de billets de banque, des affaires de moeurs, et bien d'autres "affaires" sortant toutes au bon moment, pour que cela ne soit pas le seul fait du hasard. Qui fut le chef d'orchestre? Je n'en sais rien dans le détail, comme la plupart d'entre nous..
Puis l'annonce d'élections pour une constituante.. Constituante? Encore une bonne façon de troubler un peu plus les esprits les plus aguerris.. La première fois que j'en ai entendu parler, c'était lors de Kasbah 2, des personnes était venue expliquer aux "sit-ineurs" que ça serait la meilleure solution pour eux que d'établir une assemblée constituante, que c'était le seul moyen pour eux d'être représentés.. Ils ont convaincus les gens sur place de mettre cette demande en tête de leurs exigences.. J'ai encore ces photos de grands panneaux demandant la mise en place d'une assemblée constituante au pied desquelles de jeunes gens défavorisés se blottissaient sous des couvertures qu'on pouvait leur amener. Comment imaginer qu'il n'y eu, à ce moment, aucune manipulation pour orienter ces gens du sud, éloignés de toute politique depuis si longtemps, vers une démarche politique élaborée que bon nombre "d'élites" avaient bien du mal à cerner?
Dans la méconnaissance du plus grand nombre, l'idée fut retenue, des élections allaient être organisées en juillet pour élire une assemblée constituante...
Le grand mixeur de cerveaux fut à nouveau mis en route pour l'occasion, la volonté de noyer un peu plus la compréhension démarra : des partis se créaient chaque jour, les notions floues de la constituante aux contours volontairement mal dessinés, des détournements d'attention sur les ex-RCD, des ombres de l'ancien régime camouflées dans les partis.. Un brouhaha inextricable qui se créait de jour en jour, mis en place, pour perdre chaque jour un peu plus le citoyen qui ne savait pour quoi il allait voter, pour qui il allait voter.. plus d'une centaine de partis virent le jour pendant que le premier ministre se montrait rassurant, qu'il "tenait la barre" contre vents et marées pour emmener le bateau Tunisie à bon port, c'est à dire au scrutin. Les mois passèrent dans cette cacophonie, des programmes furent établis par les partis, promettant monts et merveilles sans aucun connaissance du fonctionnement d'un état, du budget de l'état et des chiffres réels du pays.. Pourquoi des programmes? N'allait on pas vers une élection pour établir une constitution? Un peu plus de flou dans le but de ces élections, auxquels chacun se raccrochait pour sortir de ce bourbier incompréhensible..
Les radios et chaines de télévision respectaient un temps minuté pour chaque parti aucours desquelles il fallait débiter le plus de promesses en un minimum de minutes..Allant du risible au navrant, la campagne électorale se transformait en une triste mascarade.. Pendant ce temps de brouillard entretenu, le parti Ennahdha est partout, des gentils adhérents parcourent les campagnes les plus isolées, s'organisent et préparent le grand jour.. le sujet de la laïcité est lancé dans ce flou artistique, la laïcité devient rapidement l'opposition à l'Islam et isole les partis qui ont "osés" s'aventurer sur ce terrain et qui essayent de ramer dans un désordre total à contre courant.
Décalage des élections, heureusement personne ne se sentait prêt ressent on dans l'opinion générale.. Des figures charismatiques n'avaient pas encore eu le temps de faire leur apparition et creuser leur place dans le paysage médiatique tunisien. Les égos sur-dimensionnés de certaines têtes de partis les empêchent de former des coalitions cohérentes et de présenter un vrai projet.. Mais un projet de quoi? de constitution? Non ! Peu de personnes s'y sont risquées.. Des programmes de gouvernance plutôt. Chacun se voyant déjà Calife à la place du Calife.
J'essayais chaque jour, de comprendre ces programmes, d'y déceler des idées intéressantes. J'ai participé à l'aventure Afkar, qui consistait à mutualiser des idées émises par de simples citoyens lambdas afin de trouver un écho auprès de candidats, futurs membres de l'AC.. L'initiative fut vaine et inexploitée, tellement noyée par le brouillard ambiant qui, une fois de plus désorientait un peu plus l'électeur chaque jour..
Elections, le grand jour ! Jour de frustration extrême pour moi, moi le français qui avait tout suivi depuis les prémices de cette révolution, qui vivait à coeur la mise en place de cette démocratie...Je n'aurais pas le doigt bleu, mais mon coeur était bleu ce jour là..
Je connaissais l'issue des urnes mais espérait au fond de moi, que cela n'arriverait pas. Pourquoi ce refus d'un parti islamique dit "modéré" à la constituante?
Avant tout parce que la religion est et doit rester une conviction personnelle, une pratique personnelle et une relation directe du créateur au croyant et n'a pas à être imposée à celui qui ne veut pas croire. Seul Dieu choisit ses suiveurs. Ensuite parce qu'aucun pays au monde n'a jamais réussi à faire cohabiter religion et politique. Et finalement, je considère qu'un parti qui a besoin de recourir à la religion pour appuyer ses idées et un parti lui-même dépourvu d'arguments. De plus concernant le cas spécifique, la Tunisie a toujours été une nation riche de sa diversité et où la cohabitation des religions n'a jamais posé le moindre problème, pourquoi vouloir interférer dans cette cohabitation jusqu'à présent sereine et fraternelle ?
Les résultats sont tombés, implacables et indiscutables, la division et la dilution des voix ont opérées. La moitié de la population n'a pas voté.. C'est le constat qui me choque le plus..Après 50 années de "non choix", 1 électeur sur 2 n'a pas eu la fierté de tremper son doigt dans l'encre pour définir l'avenir du pays...Moi, dont le doigt restait immaculé et qui aurait tout donné pour participer à cet évènement..
Quelle position depuis les élections ?
Tout d'abord une acceptation sans condition de la volonté du peuple tunisien qui a eu le courage d'apporter sa pierre. Après tout, ne pas dramatiser le tableau et donnons sa chance à ce parti qui a su faire une campagne électorale largement au dessus de tous les autres partis, qui s'est donné les moyens (ou à qui on a donné les moyens..) de parcourir villes et campagnes pour promettre... Promettre, c'est bien cela qui pose problème. Ces promesses d'emploi, d'infrastructures, etc.. devront être tenues, faute de quoi la désillusion sera grande et la colère de la duperie éclatera plus forte encore que lors de la révolution. Tel était mon point de vue au lendemain des élections..
Puis vient cette phase de silence, un silence interminable, aucun discours, aucune déclaration publique perceptible et claire..Le silence des arrangements, des tractations en coulisses managées par le grand vainqueur du scrutin.. Quelle place pour qui? en contrepartie de quoi? Après ce long silence, la Troika, une connotation soviétique dans un froid qui commence à s'installer... le peuple attend, une fois de plus..Le gouvernement est nommé, nadhaoui sans surprise..Un président qui ne rêvait que de ça, prêt à sacrifier les propres principes qu'ils énumérait quelques mois en arrière, un discours d'investiture teinté par des expressions religieuses qui surprennent.. Un président de l'AC qui n'attendait que cela également..Quels sont leurs pouvoirs réels? Des grognements de dents de leurs partisans respectifs se font entendre, ils n'ont pas été consultés dans cette alliance hors norme..
Je pense que la fondation de la maison gouvernementale est bancale, des alliances esthétiques autour d'un ensemble déterminé.
Pourquoi pas !tant que la volonté est de développer la nation et que cet assemblage d'apparence arrive à convaincre les investisseurs, les touristes, le peuple autour d'une stratégie et d'une vision claire...
Et maintenant ?
Cela fait, à présent 120 jours que les élections se sont déroulées, la stratégie et la vision claire n'ont jamais été communiquées.. Le temps précieux qui s'est dilapidé n'a été porteur d'aucune énergie capable d'emmener le peuple vers un objectif...Rien, désespérément rien.. Rien de constructif et même au contraire, une déstructuration du peuple volontaire ou involontaire mais force est de constater le résultat actuel.. Le peuple se divise, se querelle, les positions se figent et les conflits deviennent de plus en plus violent pour un peuple connu et reconnu pour son pacifisme..Ou est l'accueil légendaire du tunisien que j'ai connu.. La joie d'inviter l'étranger chez soi pour échanger nos cultures, nos richesses.. Chacun se replie, les bouches se taisent de nouveau, et parler politique se fait de nouveau à vois basse.. Le peuple s'auto-censure, on fuit les discussions sensibles, les faux semblants sont de nouveau de mise.
Des phénomènes nouveaux apparaissent, des jeunes arborant des tenues venues d'autres pays brandissent des drapeaux noirs, le drapeau rouge dont je suis si fier ne flotte plus parmi ces gens. Les pratiques se font de plus en plus ostensibles et culpabilisantes, les yeux inquisiteurs se posent sur le simple citoyen. Des actes de violence verbales et physiques sont observés et se multiplient. Le gouvernement se mue dans son silence assourdissant, quelques déclarations, puis tout son contraire le lendemain, laissant le peuple dans un désarroi le plus total.. Des prédicateurs commencent à sillonner la nation, tenant des discours haineux, incitant à encore plus de discorde que celle qui existe déjà. Les gens sont catalogués ouvertement s'ils ne suivent pas la mouvance actuelle, l'ennemi est déclaré. Gauchiste, laïc, moderniste, communistes  toutes ces dénominations sont devenues des insultes pour tenter de décridibiliser et réduire au silence tout esprit contraire. Complice, non complice, la position du gouvernement est complexe à discerner mais la lecture entre les lignes semble claire..
Après ce long massage d'introduction, ma volonté n'est qu'une et in-modifiable, être la goutte d'eau d'une grande rivière qui viendra éteindre les flammes qui sont en train d'embraser Carthage..

MBI